• La dissection des Méka-Bot nous délivre les secrets de tes robots numériques. Quel est l’élément déclencheur qui te met sur la piste d’une création ? Explique-nous ton procédé de fabrication…
La rubrique « Dissection » (Où je montre les photos utilisées pour concevoir un MEKA BOT) est devenue inévitable. Le processus de création n’était pas flagrant.
Est-ce de la 3D ? De la Sculpture avec des pièces de récupération ? De l’Illustration Hyperréaliste ? Ce flou artistique me posait un problème. L’idée de divulguer ma technique de création ne me plaisait pas. On ne demande pas à un magicien de dévoiler les ficelles de ses tours de magie ! Mais Il a fallu que je passe par cette étape « pédagogique » de « Dissection » pour rendre mon travail accessible et permettre au public de comprendre et d’apprécier le concept des MEKA BOT.
L’intitulé même de cette technique de création artistique n’est pas encore bien défini. Photomontage, Photo Manipulation ou Création Photo Numérique ?
La démarche est similaire au Collage, elle consiste à organiser une création par la combinaison d’éléments imprimés de toute nature. De nombreux artistes du début du XXe siècle se sont adonnés à cette technique de collage comme André Breton ou Pablo Picasso. Des mouvements comme le Cubisme, le Dadaïsme, le Surréalisme utilisaient également ce procédé de montage visuel.
De nos jours l’outil informatique et les logiciels de retouche photo permettent de concevoir des « collages numériques » donnant une nouvelle dimension à cette technique de création plus que centenaire… et j’espère en être un digne héritier.
• En moyenne, combien d’heure passes-tu à la fabrication d’un Méka-Bot ?
Je travaille depuis 2004 sur ce concept de Photomontage numérique. Pour vous donnez une idée du temps passé à la réalisation, la Série MEKA BOT comprend 25 sujets et 24 sujets pour la série MASK ID. Il m’a fallu plus de 10 ans pour concevoir ces deux séries, soit une moyenne de 3 Créations par an, Les contraintes graphiques et techniques que je m’impose, permettent de rendre l’apparence graphique de chaque création la plus réaliste possible. Il faut être bien organisé pour ne pas perdre de temps dans la recherche et la préparation. En ce qui me concerne, deux étapes sont incontournables en amont, pour optimiser mon temps de création.
J’utilise mes propres photographies, cela me permet de me constituer une banque d’images classées par thèmes et sous-thèmes (Bâtiments/Industrie, Véhicules/Carénages/Optiques…) Ce qui me servira de « matières premières ».
Puis l’inévitable étape du détourage. À l’aide d’un logiciel de retouche photo, le détourage consiste à ne retenir qu’une partie d’une photo. Il suffit de séparer l’objet et le fond en délimitant les contours de l’objet. Une fois le détourage effectué, l’objet est désolidarisé de son fond et peut désormais être utilisé pour la création des MEKA BOT. À partir de ce moment, chaque photo détourée devient un élément de fabrication. Le travail de montage est beaucoup plus simple et ludique. Actuellement j’ai environ 700 photos détourées de toutes natures. Comparez cela à des pièces de jeu de construction, les frontières de l’imaginaire non plus de limites.
La photo d’un bâtiment ou d’un carénage de moto peut être la base d’une création.
Pour le visuel Panda Meka Imperial* dans la Série MASK ID, L’architecture d’un bâtiment pris en photo au Futuroscope*, me faisait penser à de la fourrure… Mon idée de départ était d’en faire une tête d’Ours. Puis ça a dévié sur l’Ours blanc pour arriver au Panda… Cela en une journée, sans compter les heures de finition. Mon trait de caractère très perfectionniste m’inflige des heures et des heures de micro-retouches pour peaufiner le moindre détail de chaque création. J’ai une certaine crainte du travail inachevé. Il m’est difficile de me dire : « Ok super, c’est terminé !! ». Il y a encore des MEKA BOT que je retouche au fur et à mesure de l’évolution de ma vision sur ce concept. On peut dire qu’ils s’embellissent avec le temps.
La notion de Sérendipité est également omniprésente dans mon processus de création. Pour faire simple, lors d’un projet artistique (ou autre), la Sérendipité consiste à aboutir accidentellement sur un aspect inattendu de sa recherche initiale… Ce qui entraîne une nouvelle perception de la conception de ce projet … (Sinon il y a Wikipédia … )
• Après les Méka-Bot, tu es parti sur une série appelée Mask ID. Quel est le concept ?
La Série MASK ID est une évolution dans mon concept de photomontage. J’ai souhaité montrer qu’il était possible, avec cette technique, de reproduire des personnages de fiction de la Pop Culture Américaine et Japonaise des années soixante-dix 80 comme Darth Vader, Goldorak*, Iron Man, Optimus Prime mais aussi les Daft Punk, le logo des Chicago Bulls… Le processus de création est le même que celui utilisé pour les MEKA BOT. Le plus contraignant dans cette série est de réussir à obtenir un rendu se rapprochant le plus possible du modèle original. Avec les MEKA BOT, je n’ai pas à reproduire des robots déjà existants. Il y a moins de contraintes lors de la conception. En plus de devoir représenter fidèlement le modèle, il est important de lui ajouter une valeur esthétique. La représentation est une chose mais l’appropriation est importante pour offrir une nouvelle approche graphique au public.
Cette série peut être considérée comme un exercice de style, je me contrains à choisir des personnages masqués ou casqués. La dernière création de cette série est un Triptyque* représentant les casques des Sheriffs de l’Espace (X-Or) des 3 générations du manga japonais. D’autres personnages sont prévus comme Chappie, Boba Fett, Mask Rider. Une série sur les animaux est prévue, j’ai déjà quelques créatures comme le Panda, le Koala, le Tigre, le Taureau… Il ne me reste plus qu’à l’enrichir.
• Les Méka sont-ils mis de côté ?
Les MEKA BOT ont 15 ans. Je pourrais continuer à travailler sur cette série, mais j’estime qu’elle est assez complète est variée. Il y a maintenant un gros travail de finition sur certains robots. Comme je disais rien n’est jamais vraiment figé. Les expériences graphiques que j’ai pu effectuer, m’ont permis d’aboutir à une technique de production vraiment ludique et créative. Aujourd’hui la création des MEKA BOT est en incubation. Je n’ai plus la même excitation à travailler sur ce thème qu’à mes débuts.
J’ai d’autres projets sur lesquels je m’oriente. Par exemple, J’aimerais travailler avec des propriétaires de véhicules de luxe anciens ou modernes, voitures, motos, camions et utiliser la même technique de montage photo pour les transformer numériquement en MEKABOT… À bons entendeurs…
• Lors de notre précédente interview, tu travaillais sur un projet de T-shirt à l’effigie des Méka. Qu’en est-il advenu ?
La raison de ce projet est très personnelle. J’en ai eu marre de servir de support publicitaire pour des marques déjà bien présentent dans notre quotidien.
J’ai donc trouvé la solution de porter des vêtements avec mes propres visuels. Maintenant cela demande beaucoup de temps et d’argent pour faire la promotion et gérer cette activité de merchandising. La boutique existe en ligne HYPERLINK « http://www.shop.spreadshirt.fr/Mizaltouch » http://www.shop.spreadshirt.fr/Mizaltouch, j’ajoute régulièrement de nouveaux articles, et mon meilleur commercial est le bouche-à-oreille.
• Ta facette artistique est très chronophage. Où trouve tu le temps pour le côté professionnel, pour la facette graphiste ?
Lorsque j’ai lu cette question pour la première fois, j’ai bloqué sur le mot chronophage. J’en connaissais vaguement la signification mais j’ai eu un doute… 😉 Donc après vérification, oui, ma démarche artistique est vraiment très gourmande en temps… et j’en manque cruellement…
Je suis un passionné. Je ressens un besoin vital de concevoir, d’expérimenter, de perfectionner, dans des domaines aussi variés que la peinture, la musique ou la photographie. Je m’épanouis dans un imaginaire récréatif que je retranscris dans mes travaux. Par contre j’ai dû faire des choix dans mon parcours personnel et professionnel, pour optimiser mon temps de création. Il m’arrive souvent d’enchaîner mes journées de travail par des nuits entières sur mes projets. Cela demande beaucoup d’investissement personnel. Cette activité artistique m’a contraint à faire des sacrifices. J’ai choisi de ne pas m’engager dans un schéma de vie traditionnel (avoir une situation professionnelle stable, fonder un foyer, avoir des enfants…) j’ai fait le choix de consacrer mon quotidien à la création, Tout mon environnement est sujet à une réflexion créative. Même lorsque je ne travaille pas, je passe des heures à réfléchir sur mes projets passés, en cours et à venir. On me reproche mes « absences » d’ailleurs… Le temps est une denrée rare, il est donc important de ne pas trop en perdre dans les futilités de la vie quotidienne.
• Aurais-tu quelques infos exclusives ? Quels sont tes projets en perspective ? Comment vois-tu l’avenir de Mizal Touch ?
Cette fin d’année voit l’aboutissement de plusieurs projets, dont une participation à une vente aux enchères d’Art Contemporain. Deux travaux ont été retenus, Daft Meka-Flowers* et Big Bro* imprimés sur Dibond. La vente aura lieu fin octobre 2016 à Paris.
Un autre projet très important en collaboration avec Vibration Clandestine et Do You Art, pour la promotion d’œuvres d’artistes contemporains est en préparation.
Je travaille aussi sur la conception d’un Artoy représentant un personnage que j’ai créé il y a plusieurs années, le Miz. Ce serait un bel aboutissement personnel…
En parallèle des photomontages je me suis lancé dans un autre concept graphique intitulé DESTRUKT MY SHOES basé sur le thème de la chaussure de sport, appelé aussi Sneakers. Étant moi-même SneakerAddict c’est-à-dire passionné de Baskets, j’ai conçu toute une série de visuels s’inspirant des modèles de la marque Jordan Brand entre 1985 et 2016. Ce travail à fait l’objet d’une exposition fin 2015 au 8 Rive Gauche* à Paris.
Il y a un vrai engouement sur cet accessoire de mode devenant d’année en année un objet culturel voire même de luxe à l’image d’une montre ou d’une voiture de sport. D’ailleurs certains designers de chaussures de sport sont issus du design automobile.
Des artistes Comme Pharell Williams ou Alicia Keys collaborent avec des grandes marques de sport pour commercialiser des modèles uniques et souvent en édition limitée.
C’est donc sur cet objet du quotidien que j’ai choisi de travailler en réinterprétant les modèles de marques de sport célèbres dans un style graphique simple, déstructuré mais très efficace. Une exposition sera certainement prévue durant l’année 2017. Pour en savoir plus allez sur mon compte Instagram : mizaltouch et la page Facebook Kicks My Art.
L’avenir de la MizAl Touch je ne m’en soucie pas trop, j’aime à dire que ; « Si tu ne t’attends à rien tu ne seras jamais déçu ». Alors temps que je prendrai du plaisir à travailler sur mes concepts artistiques, la MizAl Touch continuera de s’épanouir.
Pourquoi as-tu choisi de travailler avec les supports Do You Art ?
Jusqu’à maintenant mes créations numériques étaient imprimées sur papier photo 350mg². C’était la solution la moins coûteuse mais le résultat était vraiment trop classique. Do You Art est quasiment le seul prestataire à proposer un service de production assez impressionnant pour la création numérique. La diversité des matériaux proposés (Du papier photo HD en passant par le Plexi, le bois ou le béton) permet d’obtenir des rendus graphiques très esthétiques et originaux. J’ai vite compris le potentiel créatif que proposaient les services de Do You Art… Il est important de choisir le bon support pour mettre en valeur son travail. Pour ma part j’ai fait mon choix et quelque chose me dit qu’il va y avoir de beaux projets issus de cette collaboration.
Do You art est-il, à ton avis, un bon dispositif pour les créatifs comme toi ?
Quand tu cherches à promouvoir ton travail et que le Poster papier est le seul support que tu puisses te payer, tu as très vite la sensation d’avoir gâché ton temps et un sentiment de travail inabouti t’envahit. L’équipe de Do You Art répond vraiment aux attentes des créatifs. C’est très rassurant de travailler avec des personnes ayant pour objectif de valoriser ton travail. On est loin des grosses industries te vendant 10 000 cartes de visite pour 5 €. Do You Art met à disposition des moyens de production de qualité à échelle humaine. Ce sont des Artisans de l’image nouvelle génération ;). Voilà pourquoi Do You Art est à mon avis un partenaire précieux.